Docteur Angelo Luigi GIOVACCHINI

où il a perdu ses chers fusils (2) et ses fantassins. Du fond du cœur, ému, il en parlait en termes respectueux et affectueux ; il laissa des écrits en vers dont j’aime à rappeler les plus remarquables qui évoquent l’un de ses soldats qui lui sauva la vie :

"Et toi taureau rugissant,
Au mitan des premières lignes
Avec ton idéal sublime
Tu flamboyais"

Un vieux paysan, Ours Philippe Chilini, cet homme à la passion des poètes patriotes corses, m’a transmis une poésie, convaincu qu’elle a été composée par le valeureux Giovacchini. En voici la teneur. Elle évoque l’horrible champ de bataille de "Ponte Novo"

"O combien sont morts sans un cri
Jeunes et vieux ensemble côte à côte,
Espérant débarquer sur l’autre rive
Du fleuve ensanglanté…
O vous, chers défunts, mes amis
Votre sang fut versé en vain
Et toi Geoffroy (3) dis moi où es-tu ?
Homme d’honneur et de justice suprême
O! quand les mères, à la tombée de la nuit,
Marchaient à travers ce champ de douleur
Cherchant çà et là l’endroit précis
Où le fils se donna aux armes sacrées...
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Cispreri : fusils longs et étroits, d'une longue portée et dont l'usage est d'origine arabe.

Ici, on ne sait pas qui est ce Geoffroy, le vieux "Ours Philippe CHILINI" affirme qu’il était un des plus valeureux Cavaliers de Siméon. Il n’existe aucune preuve écrite qui confirme cette suggestion.
Moi, je propose cette autre version, fort probable : en remontant à la dernière guerre pour l’indépendance, les vieux et même les jeunes corses lisaient beaucoup Le TASSE. Ce n’est pas une stupidité de l’auteur quand il parle de ce Geoffroy. Il a voulu, ni plus ni moins, évoquer Pascal Paoli; mais au fait, quelle différence y a-t-il entre les guerres des Corses pour conquérir leur indépendance et des croisés pour conquérir le Saint Sépulcre ?